Romain est steward chez Air France. Aussi, j’ai eu envie de l’interroger sur le métier de steward. Après tout beaucoup d’amoureux du voyage ont pensé un jour à ce métier non ?
J’en fais partie d’ailleurs !
Bonjour Romain, pourrais-tu te représenter à nouveau pour ceux qui te découvrent ?
Bonjour ! 36 ans désormais.. et 6 ans de présence au sein d’Air France en tant que Steward. Deux années sur Moyen courrier et 4 sur Long Courrier.
Qu’est ce qui t’a fait choisir ce métier? Un rêve de petit garçon ou le hasard de la vie ?
Depuis tout petit, j’ai voulu « voler ». Je ne cherche même plus a comprendre pourquoi, mais j’ai toujours été fasciné par l’aérien. Jamais en tant que pilote, mais toujours en tant que PNC (personnel navigant commercial).
Le rêve s’est réalisé après une première vie professionnelle dans la banque. C’était moins « fun »…
Ha oui moins fun, surtout en ce moment ! Depuis que tu l’exerces, la réalité est-elle conforme à la vision que tu en avais ?
Avant d’intégrer Air France, j’ai travaillé pour une petite compagnie qui effectuait des vols moyens courriers, principalement sur le bassin méditerranéen.
La réalité a été difficile au début, car les vols exigeaient beaucoup de patience, et nous n’avions pas de « découchers », c’est à dire de nuits passées en escale sur place.
Les vols étaient donc des allers-retours, loin de la vision du métier.
Par la suite, en intégrant AF, la construction des plannings, même en moyen courriers, m’ont permis de découvrir les capitales et grandes villes européennes. Et depuis 4 années, ce sont les grandes villes et capitales mondiales.
Pourrais-tu nous décrire une semaine type?
Alors ce sera un mois type car les plannings sont mensuels, et une journée prise au hasard ne serait pas significative.
Un mois normal est composé de 75 heures de vol. Ne hurlez pas….
75 heures de vol « pur » signifient beaucoup plus (et c’est normal) dans la réalité.
Il faut rajouter les temps de présence au sol (checks de sécurité/sureté, embarquement, débarquement, retards éventuels…)
Notre temps travaillé est identique à n’importe quel autre travailleur, mais il est concentré sur des périodes denses. Un vol sur Santiago engendre environ 16 heures de travail à la suite…
Prenons donc un mois « type » :
En gros 5 vols par mois, sur tous les continents. Nous avons un secteur administratif, mais nous volons sur toutes les escales.
Quels sont les avantages de faire de ce métier pour toi ? Les bons côtés ?
Les avantages : je fais le métier que j’ai toujours voulu faire.
La routine est moins présente dans ce type d’emploi que ce que j’ai pu connaitre par ailleurs.
Nous avons ainsi la possibilité de découvrir des pays, des villes au cours des escales…Sans oublier le shopping. Le rhum est toujours meilleur et moins cher lorsqu’il vient des îles plutôt que du supermarché du coin !
Le travail en équipe est aussi un point que j’apprécie. Avec plus de 16 000 navigants, nous ne volons jamais (ou très rarement) avec les mêmes personnes.
Et les mauvais côtés ?
Au-delà de la façade, ce métier a de grandes contraintes :
Les escales ne sont pas toujours « cocotier et mer turquoise ». Dans certains pays d’Afrique, nous sommes escortés en voitures blindées et mitraillettes pour nous rendre à l’hôtel, avec défense absolue d’en sortir…
Instabilité politique, risques naturels…. mes collègues bloqués à Tokyo pendant les tremblements de terre récents ont eu une sacré frayeur.
Autre contrainte : les vols de nuits et décalages horaires. Une parfaite hygiène de vie est nécessaire pour durer. Le même mois, aller à Los Angeles et Séoul, cela engendre quelques soucis de sommeil !
J’avais rencontré en effet au Nigéria certains personnels d’Air France qui me décrivaient leur nuit à Lagos. Pas très fun en effet ! Quelles qualités faut-il avant tout pour être steward ?
L’adaptabilité est le maître-mot…
Comme je l’ai dit plus haut, avec 16 000 collègues, nous devons nous adapter en quelques minutes à une nouvelle équipe, et à de nouveaux clients, avec qui nous allons passer jusqu’à 15 heures dans une cabine d’avion.
Le sens commercial, l’écoute et la compréhension sont des éléments qui entrent en ligne de compte, notamment pour s’adapter à des cultures qui nous sont étrangères.
Comprendre ce qu’est le « oui-non » lorsque les Indiens remuent la tête, le battement de la main devant le visage typiquement Japonais… et tenter de papoter 3 mots dans la langue du pays pour proposer le repas sont des nécessités.
Est-ce difficile, au niveau de la formation et des conditions, qu’en est-il ?
Pour postuler dans toutes les compagnies européennes, il faut être titulaire du CSF, le diplôme qui atteste de la connaissance en sécurité et secourisme aéronautique. Cette formation est privée, elle est indispensable.
Par la suite, nous avons, toutes les années des stages afin de maintenir nos compétences, tant sur les spécificités avion qu’en secourisme.
Pas mal de gens pensent un jour à faire ce metier afin de voyager. Que répondrais-tu à quelqu’un qui te tiendrais ce discours ?
Pour le voyage… non.
Même si nous découvrons des escales fabuleuses, rester 24, 48 ou 72 h ne permettent pas de découvrir un pays, dans la mesure où nous restons dans de grandes villes ou capitales. (mais cela permet de faire ses courses !)
En revanche, cela permet de sentir un pays, une culture, de prendre des contacts et d’y revenir par la suite en découverte.
Le métier, ce n’est pas de voyager, c’est d’assurer la sécurité et le confort des passagers.
J’aime bien ta dernière phrase qui résume bien la réalité de ce métier. Quels rapports entretien-tu avec les passagers ?
Un accueil réussi, c’est 50 % du vol.
Lorsque je travaille en Cabine Affaire, j’ai plus de temps avec chaque passager et cela me permet de discuter et de partager.
En classe économique, nous avons un ratio de passager plus important, mais au-delà des phases de service, j’arrive souvent à discuter également avec des clients, soit sur les destinations ou le métier.
Nous nous gardons de toute discussion polémique ou d’actualité (politique etc…)
Penses-tu exercer le métier de steward toute ta vie ?
Bien sûr !!!
Bon, je ne peux pas m’empêcher d’évoquer la réputation disons assez libéré de ce milieu professionnel ? Y-a-t-il un fond de vérité, ou est-ce une légende? Tu as le droit d’utiliser ton joker
Nous sommes ouverts par nature aux autres cultures et aux différences. C’est pourquoi, c’est un métier en général de passionnés et de personnes tolérantes (il y a des exceptions partout…).
Ne croyez pas tout ce qui se dit sur ce métier…. pas tout !
Ok, faut lire entre les lignes:-) Un dernier mot ?
Air France a lancé une campagne de recrutement pour intégrer de nouveaux PNC.
Il n’y a pas de limite d’âge, de taille comme par le passé… si cela vous intéresse :
http://www.devenirnavigantairfrance.com/
Merci encore une fois à Romain pour son temps entre deux escales ! Voilà des réponses franches et nuancées comme je les aime !
Si vous avez des questions pour Romain, n’hésitez pas !
Est-ce un métier qui vous a attiré à un moment ? Quelle image en avez-vous ?
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